Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Tu es fou ! Écoute : il paraît qu’il y a, en ce moment, à l’Ancre-Dérapée, un riche boucanier du Grand-Fond ou de l’Artibonite, je ne-sais pas au juste, qui joue avec une chance de possédé : on dit qu’il a déjà mis à sec plus de la moitié de l’équipage de Michel le Basque.

— Que veux-tu que je fasse à cela, cher ami ? dit Ourson en riant. Je ne pense pas qu’il me soit possible de changer cette chance.

— Peut-être.

— Comment cela ?

— Écoute, Ourson tout à l’heure, en t’apercevant, il m’est venu une idée : mon intention est de jouer contre cet homme ; viens avec moi, tu te tiendras à mes côtés et comme tout ce que tu entreprends te réussit, tu me porteras bonheur et je gagnerai.

— Tu es fou.

— Non, je suis joueur, donc superstitieux.

— Tu y tiens ?

— Je t’en prie.

— Allons donc alors, et à la grâce de Dieu, fit-il en haussant les épaules !

— Merci, dit vivement Vent-en-Panne en lui serrant la main. Pardieu, ajouta-t-il en faisant joyeusement claquer ses doigts, je suis certain de gagner maintenant.

Ourson ne répondit que par un sourire.

Les deux Frères de la Côte se dirigèrent de compagnie vers l’Ancre-Dérapée.