Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/67

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merci ! Garde donc, je te prie, ces épithètes malséantes pour d’autres, fit le flibustier d’un ton bourru. Quant à m’enlever mon dernier doublon, c’est ce que nous allons voir et pas plus tard que tout de suite.

— Le tien et celui de ton compagnon par-dessus le marché, si, contrairement à ses habitudes, ajouta-t-il avec ironie, il a le courage de se mesurer enfin avec moi.

— Pas d’injures gratuites, Boute-Feu, contre un homme qui ne t’attaque pas, répondit froidement Ourson.

— Je n’ai que faire de tes observations, répondit brutalement le boucanier, et si tu n’es pas content, je suis prêt à te rendre raison où et quand tu voudras et comme il te plaira.

— Je te ferai remarquer, reprit paisiblement Ourson, que rien n’a motivé entre nous la mauvaise querelle que tu me cherches en ce moment, et que je ne me suis en aucune façon mêlé à ta discussion avec mon ami Vent-en-Panne.

À cette altercation si subitement soulevée, un cercle de Frères de la Côte s’était immédiatement formé autour de la table, attendant curieusement ce qui ne manquerait pas de survenir ; car chacun connaissait la haine que Ourson et Boute-Feu entretenaient l’un contre l’autre, et les spectateurs prévoyaient un dénoûment terrible à cette escarmouche de mots si audacieusement entamée par le boucanier.