Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/68

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Boute-Feu n’était pas aimé par les Frères de la Côte ; son bonheur constant au jeu, depuis quelques jours, augmentait encore, s’il est possible, l’éloignement général, et la plupart des assistants nourrissaient l’espoir secret que son adversaire lui infligerait enfin le rude châtiment que, sans doute faute d’occasion propice, il avait si longtemps différé.

Ourson était calme, froid, et, bien qu’un peu pâle, complétement maître de lui.

— C’est bon, répondit Boute-Feu, en haussant les épaules avec dédain ; assez de discussion entre nous. On ne saurait lancer, malgré lui un mauvais chien sur la voie. Restons-en là ; j’admire ta prudence et m’incline devant elle.

— Trêve de rodomontades ! s’écria Vent-en-Panne ; Ourson a raison, c’est toi qui lui as cherché querelle : s’il ne te répond pas en ce moment c’est qu’il a probablement des motifs pour agir ainsi ; mais j’imagine que tu ne perdras rien pour attendre. Jouons, cela vaudra mieux.

— Jouons donc ! dit Boute-Feu. Quel et ton enjeu ?

— Deux mille piastres ; répondit le flibustier en retirant une longue bourse des poches de sa culotte.

— Arrête, dit froidement Ourson, qui posa la main sur le bras de Vent-en-Panne, laisse-moi m’expliquer avec cet homme.

Le flibustier regarda son ami, il vit briller un si