Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sombre éclair au fond de son œil noir, qu’il remit sa bourse dans sa poche et se contenta de répondre ces trois mots :

— À ton aise !

Ourson fit alors un pas en avant, appuya les mains sur la table et, se penchant vers le boucanier :

— Boute-Feu, dit-il d’une voix brève et tranchante, en pénétrant dans cette salle je ne savais pas t’y rencontrer, je ne le désirais pas, car dans mon cœur le mépris égale la haine que j’éprouve pour toi ; mais puisque, poussé par ton mauvais destin, au lieu d’imiter ma conduite réservée et sage, tu n’as pas voulu feindre une indifférence semblable à la mienne, eh bien ! soit, j’accepte la partie que tu me proposes.

— Est-il besoin de tant de paroles oiseuses pour aboutir à ce résultat ridicule ? fit le boucanier, avec son mauvais sourire.

— Peut-être. Écoute-moi : nos Frères ici présents nous serviront de témoins ; nous jouerons trois parties de passe-dix, pas une de plus ; pas une de moins ; tu seras tenu d’accepter les conditions que je te poserai. Acceptes-tu ?

— Mais les parties que tu perdras ?

— Je n’en perdrai pas, répondit-il nettement, entame avec toi une lutte suprême dont, j’en ai la conviction, je sortirai vainqueur.

— Allons donc, tu es fou.

— Tu as peur, c’est bien, je n’insiste pas. Fais-