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moi, pour les insultes que tu m’a adressées, des excuses devant nos Frères, et je me retirerai à l’instant.

— Des excuses, moi ? vive Dieu ! prends garde à tes paroles.

— Je t’avertis, reprit froidement Ourson en sortant un pistolet de sa ceinture et en l’armant, qu’au moindre geste suspect je te tue comme une bête féroce que tu es.

Le boucanier, ivre de fureur, mais tenu en respect par le long canon du pistolet dirigé sur sa poitrine, jeta un regard circulaire sur les assistants, peut-être pour demander du courage à quelque visage ami.

Tous les flibustiers étaient sombres, silencieux : la seule expression qu’il lut sur leurs traits fut celle d’une joie ironique.

Par un violent effort de volonté, il refoula au dedans de son cœur la colère qui faisait bouillonner son sang, et d’une voix calme, dans laquelle il eût été impossible de surprendre le plus léger tremblement :

— J’accepte ta proposition, dit-il.

— Laquelle ? celle de me faire des excuses ?

— Jamais ! s’écria Boute-Feu.

— Très-bien ; vous avez-entendu, mes Frères, fit Ourson en s’adressant aux assistants.

— Nous avons entendu, répondirent ceux-ci d’une seule voix.