Les prisonniers espagnols étaient sauvés.
— À mon tour, je vous remercie, monsieur, dit le capitaine avec émotion ; car sans vous, j’échouais au port.
— Ne croyez pas cela, mon cher capitaine, répondit en souriant le gouverneur. Ces hommes sont de grands enfants, dont le cœur est resté bon ; il ne s’agit que de savoir faire vibrer chez eux les cordes généreuses.
L’or, resté jusqu’à ce moment sur la table, fut remis à M. d’Ogeron, chargé d’en faire le partage ; puis on quitta l’auberge de l’Ancre-Dérapée.
La foule accompagna le capitaine jusqu’à la maison qu’il habitait en poussant des cris de joie, et ne se sépara définitivement que lorsque Ourson, deux ou trois de ses amis les plus intimes et les prisonniers espagnols eurent enfin disparu dans l’intérieur de l’habitation.
Mais, pendant la nuit entière, la ville fut en proie à une agitation extrême, et des groupes nombreux parcoururent les rues en chantant et en poussant de joyeuses clameurs en l’honneur du capitaine Ourson Tête-de-Fer et de M. d’Ogeron.
Les prisonniers espagnols étaient dix-huit hommes et deux femmes.
Dès qu’il fut rentré chez lui, Ourson Tête-de-Fer donna à ses engagés l’ordre de préparer un appartement pour ces étrangers, que désormais il considérait comme ses hôtes puis, après les avoir