Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/89

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assurés que rien ne leur manquerait, et que dès le lendemain il s’occuperait de leur faire quitter sûrement la colonie, il prit congé d’eux, et, coupant brusquement court à leurs assurances d’une reconnaissance éternelle, il rejoignit ses amis, qui, confortablement installés dans un salon, buvaient et fumaient en l’attendant.

— Hé ! hé ! lui dit le beau Laurent, tu jouais gros jeu en t’intéressant ainsi aux prisonniers.

— C’est vrai, Frère, répondit le capitaine, mais je devais agir ainsi que je l’ai fait. Lorsque Boute-Feu a tenté de m’assassiner, un des prisonniers, une femme, je crois, s’est résolument jetée devant moi, dans l’intention évidente de me sauver la vie.

— Je l’ai vue, dit Michel le Basque ; c’est une femme en effet, jeune à ce qu’il m’a semblé ; car elle était si bien cachée dans ses coiffes, qu’il ne m’a pas été possible de distinguer seulement le bout de son nez.

— S’il en est ainsi, reprit le beau Laurent, tu as bien fait, Ourson, il n’eût pas été convenable qu’un gavacho se fût montré plus généreux qu’un Frère de la Côte.

— C’est ce que j’ai pensé, répondit avec douceur le capitaine.

– Ce que je vois de plus clair dans tout cela, dit le beau Laurent, c’est que tu as fait la conquête d’une Espagnole charmante, du moins je le suppose.