Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/97

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

libres alors qu’il ne leur restait plus que la triste perspective d’un éternel esclavage.

Cependant lorsque l’ombre eut complétement disparu pour faire place à cette éclatante lumière tropicale devant laquelle les jours les plus beaux de notre vieille Europe semblent ternes et brumeux, les voyageurs se rapprochèrent peu à peu les uns des autres, et quelques mots s’échangerent entre les différents groupes qui composaient la caravane.

Ourson Tête-de-Fer si calme, si froid et si maître de lui habituellement, semblait préoccupé, inquiet même ; il regardait incessamment soit en arrière, soit à droite ou à gauche, répondant tout de travers aux questions que lui adressait son compagnon, parfois même s’arrêtant court sans motif apparent, puis se remettant à marcher d’un air de mauvaise humeur.

— Pardieu, lui dit Vent-en-Panne, je ne sais quelle mouche t’a piqué, mais tu n’es pas aimable ce matin : voilà quatre fois que je t’adresse la même question sans que tu daignes me répondre.

— Je ne t’ai pas entendu, dit le capitaine du ton d’un homme qui se réveille en sursaut.

— Alors, c’est autre chose ; il paraît que tu deviens sourd.

— Sourd, moi ?

— Dame ? puisque tu n’entends pas. Prends garde, camarade, ajouta Vent-en-Panne en se penchant à l’oreille du capitaine, si cela continue,