Page:Aimard - Ourson-tête-de-fer.djvu/98

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je croirai que le beau Laurent avait raison hier soir.

— À quel propos fais-tu intervenir le beau Laurent dans tout ceci ? répondit-il en tressaillant malgré lui.

— Pardieu ! ne disait-il pas que ton intérêt pour les prisonniers espagnols avait sa source dans les yeux noirs de l’une des señoras, peut-être même de toutes les deux.

— Je n’ai pas même jusqu’ici aperçu leur visage.

— Raison de plus, camarade.

— Tu es fou.

— Naturellement, cher ami, et toi tu es sage, c’est convenu ; seulement, si fou que je sois, si j’étais à ta place, eh bien ! au lieu de laisser échapper une occasion qui peut-être ne se retrouvera jamais, je m’approcherais de ces dames et j’entamerais résolument la conversation avec elles.

— Qu’y gagnerais-je ?

— Le plaisir d’entendre une voix douce et mélodieuse caresser ton oreille, n’est-ce donc rien ?

— Mais de quoi les entretiendrais-je ?

— Pardieu ! te voilà bien empêché ! Parle-leur de tout et de bien d’autres choses encore, du jour, de la nuit, du temps qu’il fait et de celui qu’il fera.

— Joli sujet d’entretien et intéressant surtout ! fit-il en haussant les épaules avec dédain.

— Plus intéressant que tu ne supposes, et je t’en vais donner la preuve à l’instant.