Page:Albalat - Le Travail du style, 1904.djvu/197

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

UNE REFONTE DE LA FONTAINE 183 Va rendre une autre troupe encor plus importune. Celle-ci, déjà soûle, aura moins d’âpreté. » Trouver à cette fable une moralité Nous semble chose assez commune. On peut, sans grand effort d’esprit, En appliquer l’exemple aux hommes. Que de mouches on voit dans le siècle où nous sommes ! Cette fable est d’Ésope, Aristote le dit. Ce récit était sec et sans détails agréables. La Fontaine crut pouvoir le développer sans qu’il en parût plus long. Il fait parler le renard : son indi- gnation est amusante. C’est un vrai récit. Voici la version définitive qui figure dans ses œuvres : LE RENARD, LES MOUCHES ET LE HÉRISSON Aux traces de son sang, un vieux hôte des bois, Renard fin, subtil et matois. Blessé par des chasseurs et tombé dans la fange, Autrefois attira ce parasite ailé Que nous avons mouche appelé. Il accusait les dieux, et trouvait fort étrange Que le sort à tel point le voulût affliger, Et le fît aux mouches manger. « Quoi ! se jeter sur moi, sur moi le plus habile De tous les hôtes des forêts ! Depuis quand les renards sont-ils un si bon mets ? Et que me sert ma queue ? est-ce un poids inutile ? Va, le Ciel te confonde, animal importun ! Que ne vis-tu sur le commun ! » Un hérisson du voisinage, Dans mes vers nouveau personnage,