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des barricades au bagne

— Eh bien, mais quel mal voyez-vous à cela ? Si de la discussion jaillit la lumière et que vous possédiez la vérité, vous ne pouvez que gagner à la contradiction…

— Oh, que dites-vous là ! Jamais prêtre ne consentira à un tel tournoi dans la maison de Dieu…

— Pardon, monsieur le curé, les églises appartiennent à la nation, et, en sa qualité de co-propriétaire, tout citoyen a le droit d’y prendre la parole.

Le curé de Saint-Etienne-du-Mont crut plus prudent de ne pas poursuivre cet entretien : il me salua et se retira.

CHAPITRE XII
arrestation du général lullier. — intérim d'eudes et de bergeret à la délégation de la guerre. — le général cluseret. — le décret de mobilisation de 18 à 40 ans. — les corps francs. — arrestation du délégué à la guerre. —nomination de rossel. — trahision et guet-apens. — fuite de rossel. — entre la vie et la mort. — la calomnie.

La Commune fait arrêter Lullier, une seconde fois, mais, quelques jours après, il est remis en liberté. Vainement il court du Comité central à l’Hôtel de Ville, pour qu’on lui confie un commandement quelconque : on a assez de l’alcoolique qui ne sait que boire quand il faut agir. On le retrouvera devant le conseil de guerre, où il s’efforcera de déshonorer la garde nationale, qu’il a sinon trahie, tout au moins pitoyablement commandée.

Bergeret et Eudes, dont l’étoile a pâli depuis la sortie d’avril, vont être relégués au second, voire même au troisième plan : Cluseret les remplace à la Guerre.

Ses premiers gestes paraissent lui gagner la confiance des fédérés. Il se plaît à jouer au soldat-citoyen et, en un langage fort digne, il rappelle à l’ordre les officiers dont l’uniforme est d’une fantaisie outrée. Et ils sont