C’est Rossel qui — plus militariste encore que Cluseret — va assumer la tâche, de plus en plus lourde, de combattre Versailles, dont l’armée devient chaque jour plus nombreuse et plus entreprenante. Une pluie incessante de fer tombe sur les forts du Sud, sur Auteuil, sur Neuilly, etc.
Comme à la Délégation on continue les errements de Cluseret, les résistances surgissent et on dénonce tout haut le danger de pareilles tendances si peu en harmonie avec les sentiments du plus grand nombre.
Rossel et son chef d’état-major Seguin, plus étrangers encore que Cluseret aux aspirations de la démocratie et du socialisme révolutionnaire, ne pourront que se heurter à de nouvelles difficultés. Aussi les choses vont-elles de mal en pis.
Le 30 avril, une affiche, signée du délégué à la Guerre, apprend aux Parisiens que le drapeau tricolore flotte au fort d’Issy ![1] Ainsi annoncée à la population, la nouvelle y produit une sensation énorme, et les ennemis de la Commune en profitent pour jeter la suspicion et le désarroi à travers les rangs des fédérés.
On court d’abord au plus pressé : on reprend le fort d’Issy et de nouvelles troupes sont envoyées aux avant-postes.
Rossel, venu à l’Hôtel de Ville pour y être jugé par la Commune, s’enfuit avec le citoyen Gérardin, chargé par ses collègues de veiller sur le délégué à la Guerre. Tous deux se viennent cacher au Ve, boulevard Saint-Germain, hôtel Montebello.
Le lendemain, on m’avise du fait, mais je crois inutile de les inquiéter, d’autant que chaque arrestation de chef militaire n’avait été qu’une manifestation vaine, une comédie de prétendue énergie révolutionnaire.
Quelque temps après, Rossel sera moins heureux avec le sieur Compère, bonapartiste militant et commissaire de police du Ve qui, averti peut-être par le même dénonciateur, s’en vint à l’hôtel Montebello et appréhenda l’ex-officier du génie coupable de désertion à… l’ennemi !
Le jour même où disparaissait Rossel, un sieur Guillaumot, commandant la batterie d’artillerie de la
- ↑ Il y flottait depuis la veille, et Rossel l’ignorait.
