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mémoires d’un communard

En moins d’une minute je suis à la mairie, où je tente de pénétrer par la petite porte placée à gauche du bâtiment, rue Clotaire. Elle résiste à mes efforts ; je vais m’avancer vers la place, mais, brusquement, je vois rouler un corps sur le trottoir et une crosse de fusil s’abattre : ce sont les chasseurs, arrivés au pas de gymnastique, qui assomment les quelques vieillards demeurés à la mairie, que personne ne défend plus, et qui vient de tomber au pouvoir des assaillants.

Ces soldats, qui tuent les vétérans, c’est-à-dire les non combattants de la garde nationale, sont placés sous le commandement d’un sieur de Poussargues, qui, le 18 mars, ne dut son salut qu’à l’intervention de mon vaillant et généreux ami Herpin-Lacroix, contre lequel il viendra déposer devant le conseil de guerre.

Le citoyen Clemenceau, injurié par cette brute prétentieuse, lui en demandera raison et lui logera une balle dans la cuisse.

Très avarié, ainsi que s’exprime Brieux, de Poussargues mourut des suites de cette blessure.

CHAPITRE XVII
la retraite des fédérés. — facheuse méprise. — les derniers efforts. — chez les pompiers. — les directeurs de l’assistance publique. — bloqué. — je trouve un asile. — à belleville. — l’arrestation.

Le citoyen Lisbonne a dû obéir aux sommations réitérées de la Commune, et le retrait des quelques fédérés qui combattaient encore laisse la voie libre aux troupes versaillaises, qui se sont ruées sur la mairie. Je n’ai dû d’échapper à la mort qu’aux cadavres amoncelés à l’intérieur : la plupart des vétérans ayant été égorgés au rez-de-chaussée, côté du bureau de Bienfaisance.

Je reviens rapidement sur mes pas et vois que la bar-