Page:Allemane - Mémoires d’un communard.djvu/183

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
164
mémoires d’un communard
CHAPITRE II
aux grandes-écuries (la salle des assassins). — évasion manquée et évasion réussie. — le retour de lagrange. — les transferts.

Ces messieurs de la Prévôté versaillaise s’entendaient admirablement à renverser les rôles. Après que chassepots et mitrailleuses avaient couché — la bataille finie — une trentaine de mille hommes, femmes et enfants, ils avaient cyniquement déclaré que les communards n’étaient qu’un ramassis de bandits.

Une fois encore c’étaient les victimes qui avaient assassiné les bourreaux et, pour demeurer logiques avec eux-mêmes, ils avaient décoré la salle, où Muraz et moi fûmes renfermés, du nom de « salle des Assassins ». Elle se trouvait au-dessous des bureaux de la grande prévôté, où pontifiaient Appert et Gaillard, bas instruments aux ordres de Mac-Mahon et de Thiers, ces deux fidèles représentants de la haine militariste et bourgeoise.

Une section de soldats du génie était chargée de la garde des prisonniers. Dès notre arrivée, quelques-uns de ces derniers vinrent à nous et je reconnus Genton, Herpin-Lacroix et le frère de Ferré. Avec eux se trouvaient les citoyens Dalivous, Verdaguer, Masselot, Lagrange, Denivelle, Racine, Gobin, Aldenoffe, Simon Meyer, Boutin, Questel, Demphel ; un ex-colonial, de Saint-Omer ; un sergent du 88e de ligne, Langelle : Chevalier père et son fils ; Ras, Poncin ; un tout jeune homme, Aubry, et Leblond, un gamin de quinze ans ; quatre ou cinq autres prévenus dont les noms m’échappent.

La plupart de ces prisonniers étaient accusés d’avoir pris part à l’exécution des otages : archevêque de Paris, curé de la Madeleine, Jecker, Bonjean, dominicains d’Ar-