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Page:Allemane - Mémoires d’un communard.djvu/199

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mémoires d’un communard

Me Demange à nous défendre, même contre notre volonté.

Cependant, mon frère et moi ignorons l’arrêt qui nous frappe. Après que la salle est évacuée, on donne l’ordre de nous introduire.

Un piquet en armes se tient devant le conseil de guerre. On nous lit la sentence : quatre voix, y compris celle du président, ont voté la peine de mort, trois ont voté les circonstances atténuantes. Je bénéficie de la minorité de faveur et suis condamné aux travaux forcés à perpétuité.

Mon frère est condamné à la déportation dans une enceinte fortifiée.

On nous sépare immédiatement, et ce n’est que sept longues années après qu’il nous sera permis de nous revoir durant quelques heures.

J’étais dans un état de surexcitation que je ne saurais décrire ; la perspective d’être enfermé au bagne m’horrifiait, et je prenais la résolution d’en appeler, de réclamer une condamnation à mort. Rentré à la prison, de nombreux amis me firent comprendre que c’était une folie, que, puisque la vie m’était laissée, tout espoir n’était pas perdu. L’argument décisif fut celui-ci :

— Etant donné que tu veux jouer ta vie, mieux vaut la jouer pour conquérir ta liberté ; on s’évade du bagne comme d’ailleurs. En tout cas, il sera toujours temps d’en finir quand tu le voudras.

Je fis provision de courage et j’acceptai l’épreuve épouvantable : celle d’être forçat !

CHAPITRE IV
vers le bagne. — la grande roquette. — la dernière visite de ma mère. — où je revois le sergent langelle. — en wagon cellulaire. — l’arrivée à toulon.

Les délais impartis, après le jugement me condamnant aux travaux forcés à perpétuité, étant écoulés, on m’ex-