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Page:Allemane - Mémoires d’un communard.djvu/31

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mémoires d’un communard

Les délégués des bataillons, assemblés au Waux-Hall, se trouvèrent en présence de deux candidats au généralat : Brunel et Lullier.

Si le premier n’offrait, comme stratège, que de très modestes garanties, en revanche, le second ne disait rien qui vaille à ceux qui étaient au courant de ses prouesses à travers les cafés et caboulots du Quartier-Latin.

Son principal titre de gloire consistait à avoir souffleté M. de Cassagnac. Ce n’était pas suffisant.

Etant donnée la pénurie des candidats sur lesquels notre choix pût effectivement se porter, quelques amis et moi appuyâmes la candidature de Brunel, ex-officier de cavalerie, disait-on ; en tout cas, il valait l’officier de marine qu’on lui opposait.

Lullier demande la parole. Dans un discours emphatique, où il donne à entendre qu’il eût sauvé la France et écrasé l’Allemagne si on l’eût écouté et nommé « amiral », il cherche à conquérir les suffrages des naïfs, hélas ! trop nombreux dans l’assemblée et que sa pose a la Bonaparte paraît hypnotiser.

Nous sommes quelques-uns à le combattre et à lui préférer Brunel.

Nos efforts sont vains ; les délégués, emballés par la pose théâtrale de Lullier, le proclament général de la garde nationale On eût choisi Saisset ou du Bisson, retour d’Araucanie, que la garde nationale s’en fût aussi bien trouvée.

Ce vote malencontreux eut pour le mouvement insurrectionnel les plus déplorables conséquences.

Le mécontentement va grandissant, et le fossé entre le gouvernement, l’Assemblée Nationale et Paris se fait chaque jour plus large et plus profond.

On a décapitalisé Paris, on a insulté Garibaldi, avec lui tous ceux qui ont fait face au danger, et l’on parle de désarmer la garde nationale !

Ce désarmement, c’est l’histoire renouvelée des ateliers nationaux et de leur suppression brutale.

Il est également une mesure qui inquiète tout particu-