s’en rapporte aux professionnels de la phrase, aux rhéteurs.
Voilà des gaillards qui le mèneront loin dans les voies tortueuses de la politique.
A la rive gauche, nous avions cependant fait de très louables efforts pour former une entente entre tous les arrondissements, et, à diverses reprises, nous nous étions réunis entre délégués.
Dans la dernière réunion, tenue salle d’Arras, nous avions arrêté la création de comités d’action et de vigilance formant comme une sorte de fédération d’arrondissements, se tenant en rapports constants. C’est à ces comités que seront dues les premières mesures de résistance, sur la rive gauche, au coup d’Etat du 18 mars.
A partir du 14 dudit mois, les comités de vigilance des 5e et 13e arrondissements se tiennent en permanence, font bonne garde et s’apprêtent à résister à un coup de force.
Depuis quelques jours, le citoyen Duval se trouvait maître du secteur, et, cela étant, nous pouvions nous procurer des munitions, compter, si besoin était, sur un appui sérieux, car Duval disposait de quelques pièces de canon et de bataillons fidèles.
La permanence de notre comité fut établie rue Geoffroy-Saint-Hilaire, dans l’atelier du citoyen Ledroyt, exerçant alors la profession de photographe.
Nous avions dû quitter la salle d’Arras, trop entourée de policiers et un peu éloignée de notre centre d’opérations.
Il y avait deux grands jours que je n’avais pris aucun repos, car nous nous attendions à chaque instant à être attaqués par les forces gouvernementales.
Le soir du 17, un citoyen nous remettait une lettre du Comité central, nous avisant qu’il n’y avait rien à craindre pour le moment, que le gouvernement hésitait et que nous pouvions prendre un peu de repos ; que, du reste, de Montmartre ou de Belleville, un coup de canon avertirait les bataillons fédérés, si une attaque quelconque venait à se produire.
J’attendis cependant jusqu’à une heure du malin avant de me retirer, malgré que mes amis m’en eussent prié à diverses reprises. Rien ne survenant, je partis
