Wœst lui assénait un coup de hache sur la tête. Au cri terrible qu’il poussa, Gibouin et Crépet accoururent à son secours, pendant que Wœst, son coup fait, se sauvait à l’hôpital et racontait aux bonnes sœurs et autres employés qu’il venait d’échapper à un attentat : les nommés Drouhin, Crépet et Gibouin l’ayant voulu assassiner chez lui.
Vingt témoins vinrent attester le contraire ; rien n’v fit : Wœst rendait des services, cela suffisait aux juges militaires, et Drouhin, Crépetet Gibouin sont condamnés chacun à dix ans.
Un des témoins, le citoyen Conduchet, s’étant laissé aller à pousser une exclamation de surprise à la lecture de ce jugement, se vit frappé de cinq ans de prison !
Quant au nommé Wœst, il disparut de la presqu’île Ducos.
On voit, par ces exemples, que D… avait quelque raison de ne se point plaindre de ses sept ans de travaux forcés.
Voilà, n’est-ce pas, de bonne justice distributive.
Mes compagnons et moi, arrivés à la Ferme-Nord, nous y trouvâmes quelques communards que la vieillesse, les maladies, les blessures ou autres infirmités avaient fait classer comme impotents.
Je revis Lisbonne, Fontaine, ex-professeur à Louisle-Grand et directeur des Domaines sous la Commune ; Roque de Filhol, Fourche, Aldenofîe, Simon-Meyer, excolonel de la Commune ; Bruhnel, à moitié fou ; Feltesse, se mourant de la phtisie.
Quelques autres communards et une quinzaine de condamnés de droit commun se livraient à de » travaux actifs : Luce, Humphel, Fourestier, Lambert, etc., etc. Avec les nouveaux venus, cela faisait un effectif d’environ quarante hommes. A deux cents mètres plus loin se dressaient les cases du camp des libérés, avec lesquels il nous était interdit d’avoir le moindre rapport.
Un sieur Grévisse commandait en chef ces deux dépendances de la Ferme-Nord.
Cette ferme — comme toutes celles qui se respectent — avait un Directeur ; son paddock renfermait trois vaches maigres, deux paires de bœufs qui faisaient pitié, et… un taureau. Son domaine ; trois champs de maïs,
