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Page:Allemane - Mémoires d’un communard.djvu/36

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des barricades au bagne

Thieure, mes collègues au Comité de vigilance. Ils m’apprirent que notre permanence était établie rue Pascal, au local de la Loge maçonnique.

Nous installâmes un premier poste d’observation rue Mouffetard, un second au carrefour de la rue Monge, un troisième vers le haut de la rue de Lourcine, et nous nous rendîmes au nouveau siège.

La consigne donnée à ces divers postes consistait à envoyer les gardes nationaux qui se présenteraient à la permanence, de s’y replier eux-mêmes en cas d’attaque sérieuse, tout en disputant le terrain à l’adversaire. Toutes les estafettes devaient également être arrêtées et emmenées à la permanence du Comité.

Aussitôt qu’il fut possible de s’entendre sur un plan de défense et d’attaque, on se mit fiévreusement à l’œuvre.

Faute d’un cachet du Comité central, nous nous servîmes de celui d’un bataillon quelconque pour donner des instructions aux chefs de bataillons ou de compagnies sur lesquels nous espérions pouvoir compter, puis, méthodiquement, en prenant pour objectif le Panthéon, nous échelonnâmes nos postes.

Aussitôt qu’un nombre important de gardes venaient se mettre à notre disposition, un membre du Comité de vigilance partait avec eux occuper l’endroit désigné. Le peu de munitions dont nous disposions était réparti égalitairement.

Ces premières mesures étant prises, je partis au 13e avec une vingtaine de gardes nationaux pour aller chercher d’autres munitions.

Le citoyen Duval avait installé son quartier général avenue d’Italie ; il nous accueillit très fraternellement et nous demanda des renseignements sur le 5e arrondissement ; puis il donna des ordres pour qu’on nous remît les munitions qui nous étaient nécessaires.

Ceci fait, et après que nous eûmes convenu de nous prêter un mutuel appui, je regagnai en hâte la rue Pascal, non sans avoir jeté un regard de satisfaction sur la batterie qui défendait les abords de la place d’Italie.

Ah ! ces maudits canons, grands destructeurs d’existences, comme, en certaines circonstances, ils relèvent les courages et peuvent décider de la victoire !