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mémoires d’un communard

Au retour, nous vîmes que la consigne avait été fidèlement observée : non seulement les gardes nationaux étaient venus en grand nombre au siège du Comité, mais sept ou huit estafettes : dragons, gendarmes, etc., avaient été arrêtées en leur course et conduites à la permanence. Ces hommes étaient pâles comme des morts, ils croyaient leur dernière heure venue. Leurs chefs leur avaient sans doute raconté que Paris était peuplé des pires coquins, de gens de sac et de corde. Au fur et à mesure de leur arrivée on se saisissait des ordres qu’ils portaient, et, après une fouille minutieuse, on les faisait passer dans une seconde salle où on leur servait à boire et à manger.

C’est ainsi que ces « brigands de révolutionnaires » traitaient les soldats que Vinoy lançait contre eux.

Les instructions dont les estafettes étaient nanties nous permirent de coordonner notre mouvement et, de défensif, nous pûmes le rendre offensif.

Nous apprîmes bientôt que le commandant du 118e bataillon, obéissant à nos instructions, avait envoyé sa première compagnie occuper la mairie du 5e, que lui-même se portait à la pointe du square de Cluny avec le restant de son bataillon. C’était le moment de marcher sur le Panthéon, et nous communiquâmes à Duval notre résolution, afin qu’il en fit son profit.

Nous nous disposions à partir, quand mon frère vint nous aviser que la première compagnie du 118e était maîtresse de la mairie, ce qui provoqua un grand enthousiasme.

Laissant aussitôt quelques hommes à la permanence, nous partîmes environ une soixantaine avec quelques caisses de cartouches.

En roule, notre détachement s’augmenta dans de notables proportions et nous arrivâmes fort nombreux a la mairie, où nous trouvâmes le capitaine Férino et la première compagnie du 118e.

Dans l’intérieur du Panthéon se tenait un bataillon de la ligne dont les sentinelles, placées sous le péristyle, observaient tous nos mouvements.

Nous nous hâtâmes de prendre les dispositions nécessaires, comprenant que d’un moment à l’autre la situation pouvait devenir critique du fait de la brigade