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Page:Allemane - Mémoires d’un communard.djvu/43

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mémoires d’un communard

Cela va éviter un combat entre la garde nationale et les soldats campés dans le Luxembourg.

Avec beaucoup de tact, on installe les officiers dans le salon de l’ex-maire, et l’on se met à leur disposition pour tout ce dont ils peuvent ou pourront avoir besoin.

Aux portes, des sentinelles veillent à ce que personne n’entre ou ne sorte du salon sans une autorisation spéciale.

Le Comité central a été avisé de la capture si importante que nous venons d’opérer. Bientôt nous parvient de l’Hôtel de Ville, non un mot de félicitation et d’encouragement, mais l’ordre de rendre à leurs troupes les officiers détenus à la mairie !

Cet ordre est signé par Lullier, dont l’inaction, jusqu’à ce moment, a été complète.

Tout naturellement nous ne tenons aucun compte de cet ordre incompréhensible. Mais il paraît qu’au Comité central on veille avec sollicitude sur nos prisonniers, et un second ordre de libération nous parvient.

Même altitude de notre part.

Alors, les nouveaux locataires de l’Hôtel de Ville se fâchent et nous envoient un troisième cavalier, muni de la lettre suivante :

« Il faut obéir à la décision du Comité central dans l’intérêt supérieur de la cause, et le général Lullier, accompagné d’un membre du Comité, se rendra au Luxembourg à la tête d’une colonne de gardes nationaux. »

Cet envoi de forces paraît beaucoup plus nous viser que les soldats campés dans le Luxembourg.

Que fera-t-on ? Risquera-t-on le conflit avec ce triste soudard qu’en une heure d’inconscience on choisit comme général ?

L’examen de la situation nous commande d’être conciliants : Paris est si peu préparé pour les mesures audacieuses et nettement révolutionnaires !

On me prie d’aller trouver les officiers et de leur arracher une déclaration de neutralité.

Je m’adresse au colonel Périer et lui dis :

— Monsieur, à l’heure où nous sommes, le mouvement insurrectionnel a acquis une telle puissance que nous pouvons vous rendre votre liberté sans grand péril ; cependant, nous y mettons une condition : vous affir-