merez nierez, sur l’honneur et par écrit, que vous vous engagez à ne jamais tirer l’épée contre des Français.
Le colonel Périer, songeant peut-être au sort de Lecomte, y consentit aussitôt. La déclaration signée, les officiers partirent, très heureux d’en être quittes à si bon compte, malgré qu’ils n’eussent eu à se plaindre d’aucun manque d’égards depuis leur départ du Luxembourg.
Sur la place, les gardes nationaux s’étonnent et commentent très défavorablement l’ordre et l’attitude du Comité central.
Moins de dix jours après, à titre de réciprocité, l’armée de M. Thiers assassinera un certain nombre des nôtres. Il est vrai qu’ici il ne s’agissait que de simples citoyens. Et alors !…
Ainsi qu’on nous l’avait annoncé, le général Lullier, ayant à ses côtés le citoyen Lisbonne, se rendit au Luxembourg.
Dans l’entrevue qu’il eut avec le colonel Périer, il lui tint ce grotesque langage :
— Colonel, le Comité central m’envoie vers vous pour vous dire qu’il faut d’autres généraux à la garde nationale, et qu’il serait heureux de vous offrir les étoiles. Vous avez une heure pour vous décider !
Et l’histrion se retira avec sa colonne et le citoyen Lisbonne.
A peine le dernier rang avait-il disparu, que le colonel Périer ordonnait le ralliement de ses troupes et se mettait en marche pour Villeneuve-l’Etang.
C’était ainsi qu’à l’Hôtel de Ville on inaugurait le triomphe de la Révolution sociale !
Aujourd’hui, on accroît les forces de Versailles en lui envoyant une brigade ; demain, on négligera d’occuper le Mont-Valérien, comme on a négligé de s’emparer des membres du gouvernement.
Faute d’actes rapides et audacieux, qui pourraient tout sauver, on rédige de superbes proclamations au peuple, à l’armée, à la garde nationale, etc., etc. Durant ce temps, la réaction organise la résistance et jette dans Paris toute une nuée d’espions qui paralyseront les efforts des meilleurs citoyens et prépareront l’écrasement de la Commune naissante.
