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des barricades au bagne

bouillet ; d’autres parlaient d’Orléans, voire même de Tours.

On sut, le lendemain, que Thiers, mieux avisé, avait choisi Versailles où l’Assemblée, née à Bordeaux, devait également venir siéger.

Le vieux matois connaissait admirablement son Paris et savait qu’il perdrait en d’interminables palabres assez de temps pour lui permettre de rallier les forces nécessaires afin de regagner le terrain perdu.

Les prévisions optimistes du conseiller de la bourgeoisie capitaliste se trouveront malheureusement confirmées par les faits.

A l’Hôtel-de-Ville, aucun service n’avait pu être organisé ; c’était un va-et-vient de gens de toute sorte. Impossible de trouver quelqu’un avec lequel on pût s’entretenir de façon pratique. J’appris qu’on s’occupait de nommer les délégations municipales dans les vingt arrondissements de Paris et qu’une démonstration serait faite dans les quartiers hostiles au mouvement. Quant aux mesures décisives, nul n’y songeait. N’allait-on pas, sous peu de jours, nommer les membres de la Commune ! Les ambitions s’aiguisaient.

N’ayant pas plus brigué la nomination au Comité central que je n’étais disposé à briguer celle de membre de la Commune, je fus trouver le prote de l’imprimerie Wittersheim, maison chargée des travaux de l’Assemblée nationale, et le priai de m’inscrire sur la liste des typographes devant partir à Versailles.

Le prote, M. Barbey, y consentit. Je le remerciai en lui promettant de revenir le lendemain prendre ma commission, car chaque employé à un service quelconque de l’Assemblée devait posséder cette commission, revêtue des cachets et signatures exigés et permettant d’entrer librement au château.

En possession d’icelle, je revins à l’Hôtel-de-Ville. J’y vis le citoyen Pindy qu’on venait de nommer gouverneur : Assi ayant été prié de démissionner.

Je lui fis part d’un projet qui pouvait avoir des conséquences incalculables ; il me dit qu’il ne pouvait s’en occuper, mais que Billioray se trouvait chargé des relations extérieures, et que je devais m’adresser à ce citoyen.