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bune romaine ; mais ce n’est pas la tribune libre de la république, c’est la tribune officielle de l’empire.

Au pied du Capitole, vers le milieu de ce côté du Forum (côté de l’ouest), est une élévation en demi-cintre qu’on a prise à tort pour avoir appartenu aux rostres de la république.

Ceci est un débris d’une sorte de tribune (suggestus) sur lequel Othon harangua les soldats qui le proclamèrent empereur[1].

Elle existait bien à la fin de la république ; car Pompée y était assis quand il vint, entouré de soldats[2], troubler Cicéron plaidant pour Milon. Mais cette tribune, qui, comme on voit, ne rappelle pas des souvenirs de liberté, n’était point la véritable, située ailleurs, sur le côté nord du Forum, près de la curie.

Elle fut une contrefaçon et un mensonge.

Elle eut, comme on le voit encore, la forme semi-circulaire des anciens rostres, et on y attacha même des becs de vaisseaux[3] pour que la ressemblance ex-

    ner vers les patriciens en s’adressant aux plébéiens. Quand Caïus Gracchus se tourna vers ceux-ci, il se tourna en dehors, dit Plutarque, στραφείς έξω (C. Gr., 5), c’est-à-dire un peu plus à gauche, léger changement, mais qui en annonçait bien d’autres.

  1. Suét., Oth., 6.
  2. Il était assis, dit Asconius (Ad Cic., pro Mil., p. 41), ad Ærarium, pro Ærario. L’Ærarium était le trésor placé dans le temple de Saturne. Le débris du Suggestus dont je parle est en effet au-dessous du temple de Saturne.
  3. Canina croit avoir reconnu les trous dans lesquels entraient les tenons de fer qui les attachaient. (Esp top., p. 352.)