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Ce premier cri poussé contre les patriciens dans le Forum fut le précurseur des accusations dont les tribuns devaient si souvent le faire retentir.

L’émotion des assistants gagne toute la ville. Une foule irritée débouche dans le Forum par chacune de ses avenues. Les patriciens qui s’y trouvaient sont en grand péril. Les consuls paraissent. La multitude s’adresse à eux, demande avec menace que le sénat s’assemble, et entoure la curie pour imposer aux sénateurs les mesures qu’elle réclame. La curie était presque vide ; les sénateurs n’osaient y venir et se gardaient de paraître au Forum.

Le sénat, n’étant pas en nombre, ne pouvait délibérer. Le peuple criait qu’on se jouait de lui. Enfin les sénateurs, jugeant que tout retard augmentait le danger, se rendent à la curie ; mais dans le sein de leur assemblée l’agitation n’était pas moins grande que dans le Forum.

Des deux consuls, l’un, Servilius, appartenait à une famille latine[1] ; l’autre, Appius, était le chef de la gens sabine des Claudii, nouvellement adoptée par le patriciat romain.

L’orgueil de l’aristocratie sabine paraît tout entier dans son fier représentant. Ce fut cet Appius qui, le premier, osa placer comme dans un monument de fa-

  1. Les Servilii étaient une des familles albaines transportées sur le Cælius ; leur nom se rattachait au roi, de populaire mémoire, Servius Tullius.