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qui maintenant étaient vides, et le sanctuaire de Vénus purifiante[1], qui allait être témoin d’un sanglant hommage à la pureté. Virginius était sans armes. On ne pouvait alors entrer armé dans le Forum, car dans les rixes de chaque jour entre les jeunes patriciens et les défenseurs des tribuns, il est toujours parlé de coups de poings et jamais de coups d’épée. Le centurion cherche autour de lui un fer libérateur et n’en peut point découvrir. Enfin, dans une des boutiques voisines, il aperçoit un couteau sur l’étal d’un boucher il le saisit et prononce ces paroles qui font allusion à la revendication juridique sur laquelle avait roulé tout le procès : « Ma fille, je te revendique à la liberté par le seul moyen qui soit en mon pouvoir. » Puis perce le sein de sa fille, et se retournant vers le tribunal, il articule la formule solennelle par, laquelle on dévouait un sacrilége aux dieux infernaux « Appius, je te dévoue, toi et ta tête, par ce sang. — Qu’on l’arrête » s’écrie Appius. Mais Virginius, avec son couteau, se faisait un chemin à travers la foule, qui, même en feignant de le poursuivre, protégeait sa fuite. Il put sortir du Forum et gagner la voie Latine par une des portes du Cælius, mont latin, et par conséquent plébéien comme l’Aventin. Ce n’est pas là qu’on pouvait faire obstacle à la fuite d’un plébéien menacé par un Claudius.

Icilius et Numitorius soulèvent le cadavre de Vir-

  1. Tit. Liv., III, 48. Cloacinæ templum ad tabernas quibus nunc nomen est novis.