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Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/172

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yeux mouillés de larmes, la gorge pleine de sanglots, j’approchai et vis au bord d’une clairière un vieillard pareil à un faune, qui soufflait dans un tuyau rustique. C’était Nectaire. Je me jetai à ses pieds, baisai ses mains, ses lèvres divines, et m’enfuis…

Dès lors, sentant la petitesse des grandeurs humaines, lasse du néant tumultueux des affaires terrestres, humiliée de mon travail énorme et vain et proposant désormais un but plus haut à mon ambition, je levai les yeux vers ma patrie sublime et me promis d’y rentrer en libérateur. Je quittai mes titres, mon nom, mes biens, mes amis, la foule de mes adulateurs, et, devenue l’obscure Zita, travaillai dans l’indigence et la solitude à l’affranchissement des cieux.

— Moi aussi, dit Arcade, j’ai entendu la flûte de Nectaire. Mais qu’est-ce donc que ce vieux jardinier qui donne à un grossier tuyau de bois une voix si touchante et si belle ?

— Vous le saurez bientôt, répondit Zita.