Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/174

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recours aux lumières d’une somnambule à la mode, madame Mira.

On lui citait plusieurs exemples de l’extraordinaire lucidité de cette voyante ; toutefois il fallait présenter à madame Mira un objet qu’avait porté ou touché l’absent sur lequel on attirait ses regards translucides. Maurice, recherchant quels objets l’ange avait touchés depuis sa bien malheureuse incarnation, se rappela qu’en sa nudité paradisiaque, il s’était assis dans une bergère sur les bas noirs de madame des Aubels et qu’il avait ensuite aidé cette dame à s’habiller. Maurice demanda à Gilberte quelqu’un des talismans exigés par la voyante. Gilberte n’en pouvait plus retrouver un seul, à moins qu’elle ne fût elle-même un de ces talismans. Car l’ange s’était montré à son endroit de la dernière indiscrétion, et trop agile pour qu’on pût toujours prévenir ses entreprises. En entendant cet aveu qui, pourtant, ne lui apprenait rien de nouveau, Maurice s’emporta contre l’ange, lui donna les noms des plus vils animaux et jura de lui botter le derrière s’il le trouvait jamais à portée de son pied. Mais bientôt sa fureur se tourna