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contre madame des Aubels : il l’accusa d’avoir provoqué les insolences qu’elle dénonçait maintenant, et il la désigna, dans sa colère, sous tous les symboles zoologiques de l’impudeur et de la perversité. Son amour pour Arcade se ralluma dans son cœur plus ardent et plus pur que jamais, et le jeune abandonné, les bras tendus, les genoux ployés, appela son ange avec des sanglots et des larmes.

Dans ses nuits d’insomnie, Maurice songea que les livres feuilletés par l’ange avant son apparition pourraient servir de talisman. C’est pourquoi il monta un matin à la bibliothèque et souhaita le bonjour à M. Sariette, qui cataloguait sous le regard romantique d’Alexandre d’Esparvieu. M. Sariette souriait, mortellement pâle. Maintenant qu’une main invisible ne bouleversait plus les livres placés sous sa garde, maintenant que tout, dans la bibliothèque, avait retrouvé l’ordre et le repos, M. Sariette était heureux, mais ses forces diminuaient chaque jour ; il ne restait plus de lui qu’une ombre légère et consolée.

On meurt en plein bonheur de son malheur passé.