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Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/177

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froyable lecteur qui m’a donné tant de soucis ne se lassait point de ce Lucrèce et en faisait, pour ainsi dire, son livre de chevet. Il avait le goût bon, car c’est un bijou. Hélas ! le monstre y a fait, à la page 137, une tache d’encre que tout l’art des chimistes sera peut-être impuissant à faire disparaître.

Et M. Sariette poussa un profond soupir. Il regretta d’en avoir tant dit lorsque le jeune d’Esparvieu lui réclama la communication de ce précieux Lucrèce. En vain le jaloux conservateur allégua que le livre était en réparation chez le relieur et ne pouvait être communiqué. Maurice fit signe qu’il ne donnait pas dans ce panneau. Il pénétra résolument dans la salle des Philosophes et des Sphères et dit, assis dans un fauteuil :

— J’attends.

M. Sariette proposa une autre édition du poète latin. Il y en avait, disait-il, de plus correctes comme texte et préférables, par conséquent, pour l’étude. Il offrit le Lucrèce de Barbou, le Lucrèce de Coustelier, ou, mieux encore, une traduction française. On avait le choix entre celle du baron des Coutures, un