Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/288

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tôt au grand bibliopole parisien, M. R… qui le lui paya six mille et le revendit quinze jours après avec un honnête bénéfice à madame la comtesse de Gorce. Cette dame, bien connue dans la haute société parisienne, est ce qu’on appelait au xviie siècle une curieuse de tableaux, de livres et de porcelaines ; elle conserve dans son hôtel de l’avenue d’Iéna des collections d’objets d’art qui témoignent de ses connaissances variées et de son bon goût. Au mois de juillet, la comtesse de Gorce, étant dans son château de Sarville, en Normandie, l’hôtel de l’avenue d’Iéna, alors inhabité, reçut la visite nocturne d’un cambrioleur qu’on reconnut appartenir à la bande dite des Collectionneurs, qui volent spécialement les objets d’art.

D’après les constatations légales, le malfaiteur s’aida de la conduite de descente des eaux pour monter au premier étage, puis il enjamba le balcon et, avec une pince-monseigneur, fit sauter le volet d’une fenêtre, cassa un carreau de la croisée, fit jouer l’espagnolette et pénétra dans la grande galerie. Là, ayant fracturé plusieurs armoires, il prit les objets qu’il trouva à sa convenance, la plupart de petite dimen-