Page:Anatole France - La Révolte des anges.djvu/352

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foi, l’autre parce qu’il ne l’a pas. On peut être sûr, d’après cela, que ton histoire, si jamais on la raconte, ne paraîtra guère vraisemblable. D’ailleurs, celui qui s’aviserait d’en faire le récit ne serait pas un homme de goût et ne recueillerait pas beaucoup d’approbations. Car elle n’est pas belle, ton histoire ! Je t’aime, mais je te juge. Depuis que tu es tombé dans l’athéisme, tu es devenu un abominable scélérat. Mauvais ange, mauvais ami, traître, homicide. Car je pense que c’est pour m’assassiner que tu m’as lâché, sur le terrain, un barbet noir dans les jambes.

L’ange leva les épaules et, s’adressant à Gaétan :

— Hélas, monsieur, dit-il, je ne suis pas surpris de trouver peu de crédit près de vous : on m’a dit que vous étiez brouillé avec le ciel judéo-chrétien, dont je suis originaire.

— Monsieur, répondit Gaétan, je ne crois pas assez en Jéhovah pour croire en ses anges.

— Monsieur, celui que vous appelez Jéhovah est en réalité un démiurge ignorant et grossier, nommé Ialdabaoth.

— En ce cas, monsieur, je suis tout prêt à