Page:Andler - Nietzsche, sa vie et sa pensée, II.djvu/122

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
116
TRAVAUX DE PRÉPARATION

unanime à la faire prospérer. Il n’y avait presque pas de grande famille bâloise, qui ne pût s’enorgueillir d’avoir un « oncle professeur »[1]. Parfois, comme il arrive dans les pays de libre travail et de vieille et noble aisance, un grand bourgeois joignait à ses fonctions publiques le goût du travail érudit.

Au temps où Nietzsche arrivait à Bâle, Wilhelm Vischer était chef du département de l’instruction publique ; mais le temps était récent où il avait professé le grec et le latin aux côtés de J.-J. Merian, spécialiste des tragiques grecs, et de Johann-Jacob Bernoulli, l’archéologue ; Wilhelm Vischer-Heusler, fils de l’administrateur, était réputé bon médiéviste. Les Heusler étaient une autre de ces familles, où se transmettait la solide vertu du labeur avec des dons artistes. Elle était représentée par Andreas II Heusler, signalé déjà par des travaux sur l’histoire du droit germanique qui ont une durable valeur. Les Stähelin comptaient parmi les professeurs, outre un hébraïsant déjà vieillissant, un jeune historien de l’Église Rudolf Stähelin, en qui le vieux conseiller Karl Hagenbach allait trouver un digne successeur. Mais les Hagenbach ne disparaissaient pas : un Hagenbach-Bischoff occupait la chaire de physique ; et un autre Bischoff, Jean-Jacques, le titulariat de gynécologie. Les Rurckhardt avaient fourni Fritz Burckhardt, le physicien, qui fut le directeur de Nietzsche au Pædagogium : et les Speiser comptaient parmi les leurs un bon juriste.

Cette pléiade se complétait par des recrues jeunes, venues des autres cantons : le botaniste Simon Schwendener de Glaris ; l’ophthalmologiste H. Schiess, qui fut l’oculiste de Nietzsche.

Mais parmi les anciens, trois noms rayonnaient surtout.

  1. C.-A. Bernoulli, Ibid., I, p.41.