Page:Andler - Nietzsche, sa vie et sa pensée, III.djvu/240

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terminologie religieuse. David Strauss, dans un chapitre de sa Dogmatique chrétienne, avait décrit aussi comment, selon diverses sectes du christianisme primitif, la chute, la corruption et le châtiment des hommes ne sont pas éternels. Une fois que nous avons reconnu la perfection perdue, notre liberté nous permet d’y retourner. S’il n’y a pas une immobilité du bien, si des âmes se perdent toujours par un défectueux usage de leur libre arbitre, il n’y a pas non plus en elles une pétrification du mal. Une énergie foncière peut leur rendre leur intégrité ; elle guérit leurs infirmités par une alimentation de lumière. Une alternance sans fin ramène les générations à la splendeur du bien après les avoir fait repasser dans les ténèbres.

Nietzsche s’empare de ce symbole. Sa pensée en sera obsédée désormais. Il pensera qu’il y a pour les civilisations, comme pour les âmes, des ères millénaires d’obscurité, suivies par des éons de lumière.