Page:Andler - Nietzsche, sa vie et sa pensée, III.djvu/319

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C’est une indication sur notre tempérament que la série de nos admirations successives. Elles indiquent notre espérance secrète, élargie sans cesse. Elles sont une lumière qui nous devance sur le chemin que nous nous frayons à nous-mêmes.

Ainsi, nous vivrons notre vie non plus individuelle seulement et unique, mais nous sentirons que toutes les actions d’amour et de sacrifice s’accomplissent en commun [1]. Nous aurons fait de l’humanité une vivante solidarité, qui sera la nouvelle civilisation. Le signe de l’éducation cultivée sera la préoccupation de cette vie organique où est engagée toute la vie des individus [2]. Au sommet, il y aura un groupe d’hommes avides de vérité, formés à l’école de la philosophie nouvelle. Ils seront l’organe intellectuel de la civilisation naissante. Oublieux d’eux-mêmes et de leurs intérêts, ils ne mesureront jamais les choses à leur toise, mais seulement à la grandeur du but à atteindre. Et ils iraient jusqu’à consentir à cette œuvre le suprême sacrifice. Que de tels hommes naissent et soient suivis, nous pourrons dire avec Nietzsche : « Voici l’aube », « Dann ist es Tag » [3].

  1. Zukunft unserer Bildungsanstalten, Ibid. (W., IX, 436) : « Taten der Liebe und der Aufopferung allen gemeinsam. »
  2. Geburt der Tragödie, posth., § 112 : « In dem Denken aa das Wohl grösserer Organismen, als das Individuum ist, liegt die Bildung.
  3. Schopenliauer als Erzieher, § 4. (W., I, 432.)