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PERSPECTIVE

plus quel parti prendre. Aussi trouvent-ils toujours ces sortes d’ouvrages trop courts. Les véritables géomètres, au contraire, les trouvent trop longs, ou plutôt ne les lisent pas, parce qu’ils n’en ont pas besoin. Les praticiens feraient donc beaucoup mieux de laisser là leurs gros livres et d’étudier la géométrie ; car, en même temps que tout alors leur deviendrait aisé, ils posséderaient une science de plus, qu’ils pourraient appliquer à beaucoup d’autres choses.

On a vu autrefois des professeurs fatiguer leurs élèves, et leur faire consommer beaucoup de temps pour leur enseigner à résoudre péniblement, sans le secours de l’algèbre ou du calcul différentiel, des problèmes de géométrie qui auraient cédé sans effort à l’emploi des procédés de l’une ou de l’autre. Ils croyaient gagner du temps et ne voyaient pas qu’ils en perdaient réellement, et laissaient en même temps ignorer, à ceux qu’ils enseignaient, l’usage de deux leviers puissans, et d’un service très-étendu. Aujourd’hui même, dans nos collèges, on donne des leçons de cosmographie, de géographie et de cristallographie à des élèves qui n’ont pas les premières notions de la géométrie, qu’on a pourtant dessein de leur enseigner ensuite. On sent assez combien ces leçons peuvent leur être intelligibles et profitables.

Lorsqu’une science en domine ainsi un grand nombre d’autres, on ne saurait la placer trop près de l’entrée des cours d’étude ; et c’est sans doute le parti qu’on prendrait relativement à la géométrie, si ceux qui ont la direction suprême de l’enseignement n’étaient pas d’ordinaire trop attachés aux anciens usages, et trop peu soucieux de consulter, sur l’enchaînement des études, les hommes qui ont la main à l’œuvre.