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l’empereur Kien-long consolida le pouvoir entre les mains du Dala’i-Lama, après la défaite et la mort du prince révolté ’Gyour-med-rNam-rgyal, et resserra les liens qui le tiennent sous la dépendance de la Chine. Le Dala’i-Lama, ou Gyelba-Rinpotch’é (rGyal-ba-Rin-po-tch’é)[1], chef suprême de la religion, est également investi du pouvoir temporel, qu’il exerce autocratiquement, avec l’assistance d’un conseil de grands lamas, appelés Khanpos (mKhan-po), assez semblables aux cardinaux de l’Église romaine. En cas de mort du Dala’i-Lama et pendant la minorité de son successeur, la régence appartient de droit au Pantch’en Rinpotch’é[2]. Le Dala’i-Lama et le Pantch’en Rinpotch’é sont choisis par les Khanpos parmi des enfants remplissant certaines conditions ; mais leur élection n’est définitive qu’après ratification du gouvernement chinois. Bien que le Dala’i-Lama soit investi du pouvoir suprême, il ne s’occupe directement ni des affaires étrangères ni des affaires civiles qui sont du ressort d’un très haut fonctionnaire, sorte de vice-roi, nommé Nomékhan ou Dé-sri, assisté de quatre ministres appelés Kalons. Tous cinq sont nommés par le Dala’i-Lama, mais leur promotion doit être ratifiée par le gouvernement chinois, dont ils reçoivent un traitement, de même, d’ailleurs, que le Dala’i lui-même, le Pantch’en et quelques autres des principaux fonctionnaires. Ces traitements sont prélevés sur le tribut annuel que le Tibet paye à la Chine. Chaque Kalon a sous ses ordres quatre Nierbas (gNier-ba) ou directeurs des services de son ministère. À la tête de chaque province est un gouverneur, Dé-pa, nommé par le

  1. « Précieuse Majesté ».
  2. « Grand joyau maître ». — Ainsi qu’on le verra au chapitre V, ces deux grands dignitaires sont des incarnations de Tchanrési (Spyan-ras-gzigs) et de Jamjang (’Jam-dbyangs) et, après leur mort, ces deux divinités se réincarnent en un enfant dont la nature divine se révèle par certains miracles, qui le désignent au choix des lamas chargés de l’élection du nouveau Dala’i ou Pantch’en.