Page:Annales du Musée Guimet, tome 21.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
lxxvi
ANNALES DU MUSÉE GUIMET
verse à terre un premier jet de lait, puis dit ashasara manaṅha 1[1] et verse un jet dans le vase à lait ; il recommence à deux reprises cette double opération en prononçant les mots Ashem et ashasara vacaṅha, Ashem et ashasara shyaothna[1]. Il se lève et bénit de nouveau le corps du Bœuf, l’Âme du Bœuf, l’Âme de l’animal bienfaisant ; passe la main sur le dos de la chèvre, dit à haute voix, puis en bâj : « mille vertus de guérison, dix mille vertus de guérison 2[2]! », puis rapportant le jivâm dans l’Urvîsgâh, le place sur la pierre urvìs.


L’eau zὸhr ou zaothra. — Le Mobed prend dans sa main gauche le zôr tâè et le met sur les deux coupes à zôhr 3[3] renversées sur la pierre ; il prend dans la main droite l’anneau vars 4[4], le plonge mille fois dans la cuve, récite les cent un noms de Dieu 5[5] et le remet dans la coupe. Puis il prend dans la main droite le zôr tâè, retourne les coupes de zôhr, met le tâè par-dessus, les saisit dans les deux mains entre le pouce et l’index, prononce un Ashem vohû, un Fravarânê en l’honneur du Gàh et « des bonnes Eaux, de toutes les eaux créées par Mazda, du grand seigneur Apām Napât, et de l’eau créée par Mazda. Réjouissance à toi, Ahurâni, [Eau] d’Ahura » 6[6]. Il dit Ashem et met les deux coupes dans la cuve en leur faisant toucher la surface de l’eau ; il dit : « Nous te louons, ô Ahurâni, Eau d’Ahura ; nous t’offrons bons sacrifices et bonnes prières, bonne offrande, offrande d’assistance » ; dit yazatanãm, et tient les coupes fixées sur la surface de l’eau ; thwâ, et les fait aller et venir sur la sur-
  1. a et b 1. Yt. XI, 4. « Avec une pensée, une parole, une action toute livrée au bien ». — Autrefois on employait une, deux ou trois vaches ou chèvres laitières : pour deux vaches on remplaçait tava par le duel yuvàkem « à vous deux » ; pour trois, on disait yushmàkem « à vous ». — Voir les formules zendes dans Westergaard, Fragment VI et dans les Fragments du Nîrangistàn § 67 (vol. III).
  2. 2. Voir plus bas, page 420.
  3. 3. L’écriture zôr taè pour zὸhr repose sur une fausse étymologie, le mot zὸhr du zend zaothra « libation » étant confondu avec zôr de zâvare « force » ; de là la traduction de Nériosengh pour zaothra-zôhr : prâṇa.
  4. 4. L’ancien filtre : voir plus haut, p. lxiv.
  5. 5. Voir la liste de ces noms dans le Yasna de Tahmuras, p. 24-26 et leur traduction dans le Khorda-Avesta de Tir-Andâz, p. 476 sq.
  6. 6. Voir Yasna, LXVI, note 2.