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ZEND-AVESTA  : YASNA 10. — HÔM-YASHT 2



donnée le saint Ahura Mazda, [à savoir] la mâchoire, avec la langue et l’œil gauche ;
6 (18), dans sa maison ne naîtra ni prêtre, ni guerrier, ni laboureur 15[1]. Dans sa maison naîtront des êtres néfastes 16[2], des idiots 17[3] et des brouillons 18[4].


7 (20). Coupe-lui vite sa tranche de l’animal, part du robuste Haoma, de peur que Haoma ne t’enchaîne, comme il enchaîna le bandit touranien Frañhrasyan, au tiers central de la terre, bien qu’il fût enveloppé d’un fort d’airain 19[5].

    duit zaninît, jaghàna, par assimilation de zînàt à janàt : zinàt est sans doute zi-nà-t (cf. sscr. ji-nà-ti, de jyâ) ; — terefyàt, tarftinît (le Glossaire zend-pehlvi définit tâyu, tereftâr ; probablement le grec τρέπ-ω, tourner, détourner) ; — apa yasàitè, barà skâcrùn « enlève » ; cf. Minokhard, II, 46, al sôcrûn ma apar.

  1. 15. Non point que dans une maison puisse naître indifféremment un prêtre, un guerrier ou un laboureur ; le sens est : quelle que soit la classe du coupable, il n’aura point d’enfant.
  2. 16. dahakàca : zak dahishn kàkînîtàr, man dahishn i Aukrmazd barâ kàhïnit « des destructeurs de la création, qui détruisent la création d’Auhrmazd. La traduction pehlvie semble être de fantaisie étymologique, dahishn étant suggéré par dah ; mais kâhinîtâr doit être exact, comme sens général, sinon comme sens propre.
  3. 17. mùrakàca, mûtak kartâr aigh mandùm tapâh barâ obdûnand ; mûtak, qui traduit aussi maodhana Y. IX, 32 (101), est rendu en sanscrit manda « faible, faible d’esprit ».
  4. 18. pouru saredhô-varsbnàca, pûr sartak varzîtâr, litt. « des hommes qui font des actions de toute sorte », c’est-à-dire « qu’ils entreprennent beaucoup de bonnes œuvres, mais n’en font aboutir aucune ».
  5. 19. Allusion à la légende de la fin de Frañhrasyan (Afrâsyâb), dont des débris archaïques se retrouvent dans les Yashts V, 41-42, XIX, 56 sq., dans le Grand Bundahish et l’Aogemaîdê et qui parait, sous une forme plus cohérente, mais moins fidèle, dans le Livre des Rois. Frañhrasyan, beau-père et meurtrier de Syàvarshâna, pourchassé par son petit-fils Husravah, qui poursuit sur son grand-père la vengeance de son père, se construit par la magie un palais d’airain, aux cent colonnes, haut de mille fois la taille humaine : « Il était si bien illuminé que la nuit y était claire comme le jour ; il y coulait quatre ruisseaux, d’eau, de vin, de lait et de petit-lait (mâst). Il y avait fixé et mis en mouvement une sphère du soleil et de la lune » (Grand Bundahish, p. 245 ; cf. Aogemaidê, 60). Tel le palais des Chosroès à Shiz-Ganzak, où la statue royale semblait trôner dans le ciel, parmi les images du soleil, de la lune et des étoiles et au milieu de pluies et de tonnerres artificiels (Cedrenus, éd. Xylander, p. 338, ap. H. Rawlinson). De sa retraite, Afrâsyàb s’élance trois fois, mais en vain, dans la mer Vouru-Kasha pour s’emparer du Hvarenô des Aryens (Y. I, notes 2, 54 ; Yt. V, 41-42 ; XIX, 56 sq.). Dans le Livre des Rois, le palais de fer souterrain, aux cent colonnes, est réduit aux proportions d’une chambre