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ZEND-AVESTA. — INTRODUCTION I : LES ÉTUDES ZOROASTRIENNES
voie féconde : il remarqua les rapports frappants que les croyances des Parsis offrent d’une part avec celles des Brahmanes, d’autre part avec celles des Musulmans, et les attribua à des emprunts des Parsis à l’Inde et à l’Islam : la science moderne y a reconnu d’une part la trace d’anciennes affinités religieuses entre les ancêtres des Parsis et ceux des Indiens et d’autre part des emprunts faits par l’Islam à la Perse.
Mais Anquetil trouva un défenseur convaincu dans la personne de J. F. Kleuker. Kleuker, dès l’apparition du livre d’Anquetil, en avait composé une traduction allemande, qui parut en 1776, et il publia comme complément et justification deux volumes d’appendices[1]. Le premier volume contenait la traduction des divers mémoires d’Anquetil sur la religion, la philosophie et l’histoire de la Perse ancienne ; dans le second volume, beaucoup plus important et le seul original, il défendait l’authenticité de l’Avesta en s’appuyant principalement sur l’accord du livre avec les données des anciens. Quant aux arguments tirés de la langue, il montra très clairement qu’ils reposaient sur un malentendu : le zend ne contient aucun élément arabe ; c’est le pehlvi, langue postérieure au zend, qui seul contient des éléments sémitiques : et ces éléments sont non pas arabes, mais araméens, chose toute différente et qui s’explique par les rapports de la Perse avec les pays de langue araméenne, à l’époque des Sassanides sous lesquels florissait le pehlvi ; enfin les mots arabes ne paraissent que dans les livres auxquels la tradition même des Parsis ne reconnaît qu’une date récente.
La cause de l’Avesta trouva un autre défenseur dans le numismate Tychsen. « J’avoue, dit-il, que la lecture de ces livres, que j’avais abordée avec si peu de prévention que j’y cherchais plutôt les traces d’une origine récente, les arguments des deux partis bien pesés, m’a laissé convaincu de leur antiquité. Les livres écrits en zend en portent des traces manifestes et rien qui ne convienne à des âges reculés et à un homme philosophant dans l’enfance du monde. Les traces d’un âge récent que l’on a cru y trouver viennent de passages mal compris ou de parties plus récentes.
  1. Anhang zum Zend-Avesta, Leipzig et Riga, 1781-1783.