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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

En somme, il y a un accord admirable avec ce que les anciens nous ont laissé de la doctrine et des institutions des Mages. Il y a des hymnes aux dieux, tels que ceux qu’on chantait aux sacrifices selon Xénophon et Strabon et Hérodote même. Ce que dit Plutarque des opinions de Zoroastre dans un passage célèbre répond si bien au fond des livres zends que nul ne pourra nier, je crois, qu’il y a ressemblance parfaite et source commune. Ajoutez à cela un argument invincible, celui de la langue et de l’écriture dont la haute antiquité est établie par ce fait qu’il fut nécessaire de traduire une partie des textes zends en langue pehlvie, langue qui déjà, sous les Sassanides, tombait en désuétude… Enfin, comme on ne peut nier que Zoroastre a laissé des livres qui ont été, à travers les âges, la base de la religion des Mages et qui furent conservés chez eux, comme le prouve une série de témoignages depuis Hermippe, je ne vois pas pourquoi on n’ajouterait pas fois aux mages de nos jours, quand ils rapportent à Zoroastre des livres qui sont les livres traditionnels de leurs ancêtres, et où l’on ne trouve rien qui trahisse la fraude ou une main moderne[1]. »

Deux ans plus tard, en 1793, paraissait à Paris un livre qui, sans toucher directement à l’Avesta, confirmait en partie les révélations d’Anquetil : c’est le fameux Mémoire où Sylvestre de Sacy déchiffrait et expliquait les inscriptions et les monnaies pehlvies des premiers Sassanides[2]. Son principal instrument dans ce déchiffrement était le lexique pehlvi-persan publié par Anquetil. L’authenticité des documents rapportés par Anquetil s’affirmait ainsi, mieux que par des arguments théoriques, par des découvertes. Ces inscriptions pehlvies déchiffrées donneront plus tard la première clef des inscriptions achéménides, qui devaient à leur tour apporter la preuve la plus convaincante de l’authenticité du zend. Tychsen comprit la portée de l’œuvre de Sacy : « Voici la preuve, dit-il, que le pehlvi fut employé sous le règne des premiers Sassanides, car c’est à eux que remontent ces monnaies et ces inscriptions, et fut même la langue de la cour : or, comme c’est avec les Sassanides, et dès le premier d’entre eux, Ardeshir

  1. Commentario prior observationes historico-criticas de Zoroastre ejusque scriptis et placitis exhibeus (Goettingen, Novi Comm., 1791).
  2. Mémoires sur diverses antiquités de la Perse, Paris, 1793.