Page:Annales du Musée Guimet, tome 21.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
xxxi
ZEND-AVESTA. — INTRODUCTION I : LES ÉTUDES ZOROASTRIENNES
sémitiques dont les études védiques peuvent se passer. Aussi quand les védisants abordent l’Avesta, trouvant une langue qui se rapproche si extraordinairement de celle des Védas, la tentation est trop forte de l’aborder directement par la route aisée de la grammaire comparée, au lieu de la contourner péniblement à travers une littérature barbare et informe de scoliastes sans éclat. Pourquoi expliquer l’inconnu par l’inconnu quand on peut l’expliquer par le connu ? De là tous ces ingénieux mémoires de Benfey, de M. Rolh et de son brillant disciple Geldner qui, revenant, sans s’en douter, à Jones et Barthélémy, semblaient s’être donné pour idéal de transformer le zend en un dialecte du sanscrit et l’Avesta en une contre-partie des Védas. L’erreur fondamentale de l’école est de n’avoir pas vu que, étant donnés deux systèmes religieux aussi différents d’esprit et de dogme que celui des Védas et celui de l’Avesta, deux systèmes si particuliers, si bien fixés, et supposant l’un et l’autre une élaboration d’école si avancée, le fait qu’ils sont exprimés dans deux langues sœurs ne peut être que d’un faible secours dans la détermination des idées précises cachées sous des termes analogues. Ce qui fait le caractère du Parsisme, c’est la précision absolue des dogmes, l’abondance des termes techniques, la sûreté de la nomenclature : or le sens précis que tel mot commun a pris dans le système, nulle considération de grammaire comparée ne peut le déterminer ; les textes seuls et la tradition peuvent nous l’apprendre. Je ne voudrais pas nier que la langue des Védas ne jette parfois beaucoup de jour sur les obscurités du vocabulaire zend, car les mots communs n’ont pas toujours changé de sens ou de nuance ; en poursuivant à outrance le jeu de comparaison, l’école de Tubingue a levé plus d’une fois des rapprochements qui restent, mais qui, à mon sens, n’ont d’autorité qu’autant qu’ils sont confirmés par l’histoire et par des preuves de fait. Aussi, bien que les traductions étymologiques, quand elles tombent sur le vrai, demandent et marquent des dons plus brillants que la méthode plus humble et plus patiente que l’on s’est imposée ici, elles n’emportent jamais, a mon sens par elles-mêmes, le caractère de certitude et de nécessité. Par exemple, en écrivant cette préface, je m’aperçois que l’interprétation que je donne de la formule nâismi daêvô « je conspue les Daêvas » «, en faisant de nâismi une 1re personne d’un verbe nid, répondant au sanscrit