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ZEND-AVESTA – INTRODUCTION, II : L’AVESTA
Il est donc arrivé ; pour l’Avesta sassanide ce qui serait arrivé pour la Bible, si de toute la Bible il ne restait que les textes qui ont été incorporés dans le Paroissien. Ce qui restait en dehors de la liturgie ne périt pas immédiatement, ni tout entier. Plusieurs fragments, non liturgiques, mais possédant un caractère édifiant plus spécial, furent conservés pour eux-mêmes. Les écoles de théologie zoroastrienne qui persistèrent encore assez longtemps après la chute de l’indépendance et qui, au neuvième siècle de notre ère, en particulier, eurent un renouveau d’activité féconde, d’où est sortie une partie considérable de la littérature pehlvie, nous ont transmis des citations nombreuses de textes zends qu’elles possédaient encore et qui ont disparu depuis. Il est permis de croire que la recherche des vieux manuscrits pehlvis, à peine commencée, augmentera avec le temps dans une large mesure l’étendue de nos textes. On en jugera par l’étendue et la variété des fragments traduits et publiés dans notre second volume.
Le mot Avesta désignait sous les Sassanides et désigne encore les textes sacrés de la religion, et la langue où ils étaient écrits était dite la langue de l’Avesta[1]. Cette langue était hors d’usage à l’époque où les Sassanides firent de l’Avesta et de sa doctrine le livre et la doctrine de l’État. C’est une langue parente du sanscrit et très proche parente du vieux perse, c’est-à-dire de la langue qui paraît sur les inscriptions officielles des Achéménides et qui était le dialecte propre de la province de Perse, berceau de la dynastie. Mais la comparaison philologique des deux dialectes prouve qu’ils ne représentent pas deux moments de la même langue, mais deux formes parallèles et indépendantes, autrement dit que la langue de l’Avesta représente le dialecte d’une autre province que la Perse. On est généralement convenu de donner à cette langue le nom de zend, dénomination erronée, car le mot, comme nous allons le voir, n’a jamais désigné une langue. On a pro-
  1. M. Oppert a retrouvé dans les inscriptions de Darius la forme ancienne et le sens ancien du mot Avesta : apariy àbastàm upariyâyam « je gouvernais d’après la loi » : âbastâ est, en effet, traduit en assyrien par dinât {Journal asiatique, 1872, I, 295). Ce passage naturellement ne prouve pas que notre Avesta existât déjà, pas plus que l’existence du mot jus en vieux latin ne prouverait que le Corpus juris existait au temps des rois. — La forme pehlvie est Âpastàk, d’où les formes persanes âvastâ, óstà. Donnons comme curiosité l’étymologie du Grand Bundahish : Âpastàk, avéjak stàyishn ; « Avesta, éloge pur ».