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notes scientifiques.

NOTE 2

Les Ouragans

— Page 117. —

J’ai dit quelques-uns des phénomènes météorologiques observés à l’Île-de-France au moment du terrible ouragan qui dévasta la colonie ; j’ai été des faits vrais, précis, je les ai appuyés par des noms propres ; j’ai passé sous silence des catastrophes si extraordinaires, que la raison se refuse à les accepter, et pourtant j’ai appris qu’on m’avait accusé d’exagération. À cela que répondre ? Je l’ignore en vérité. Toutefois, comme je veux qu’on me croie, comme ce qui est vrai pour moi et vrai pour tous, comme mes allures de franchise ne peuvent ni ne doivent être contestées, voici de nouveaux documents qui me viennent en aide, et contre l’évidence desquels toute contestation est impossible, La logique la plus sûre est celle des faits.

Je donnerai ici des détails authentiques sur l’ouragan qui dévasta la Guadeloupe le 26 juillet 1825.

Cet ouragan renversa, à la Basse-Terre, un grand nombre de maisons des mieux bâties.

Le vent avait imprimé aux tuiles une telle vitesse, que plusieurs pénétrèrent dans les magasins à travers des portes épaisses.

Une planche de sapin d’un mètre de long, de deux décimètres et demi de large et de vingt-trois millimètres d’épaisseur, se mouvait dans l’air avec une si grande rapidité, qu’elle traversa d’outre en outre une tige de palmier de quarante-cinq centimètres de diamètre.

Une pièce de bois de vingt centimètres d’équarrissage et de quatre à cinq mètres de long, projetée par le vent sur un chemin ferré, battu et fréquenté, entra dans le sol de près d’un mètres.

Une belle grille en fer, établie devant le palais du gouverneur, fut entièrement rompue.

Trois canons de 24 se déplacèrent jusqu’à la rencontre de l’épaulement de la batterie qui les renfermait.

J’extrais le passage suivant d’une relation officielle rédigée peu de jours après l’événement :

Le vent, au moment de sa plus grande intensité, paraissait lumineux ; une flamme argentée, jaillissant par les joints des murs, les trous de serrure et autres issues, faisait croire, dans l’obscurité des maisons, que le ciel était en feu.

Voici un aperçu des diverses opinions qui ont été émises depuis quelques années sur les grands ouragans.

M. Espy croit que le vent souffle dans toutes les directions possibles vers le centre des ouragans ; il est arrivé à cette conséquence en discutant un grand nombre d’observations recueillies sur la côte des États-Unis. Les effets du tornado qui, en juin 1835, traversa une partie du territoire de New-Jersey, étaient parfaitement d’accord avec cette théorie. M. le docteur Bache, ayant suivi à travers le pays les traces du météore, trouva en effet,