Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/271

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XIII. Si une chose peut être produite sans le secours de l’art et sans préparation, elle sera encore plus possible avec de l’art et de l’application. De là les vers d’Agathon[1] :

Oui, certes, on fait bien certaines choses avec l’aide de la fortune, mais il en est d’autres qui exigent le concours de la nécessité et de l’art.

XIV. Ce qui est possible à des gens plus incapables, ou inférieurs, ou plus dénués de sens, le sera encore plus à ceux qui ont les qualités contraires. C’est dans ce sens qu’Isocrate disait qu’il serait malheureux que, ce qu’Euthynos avait appris, lui-même ne pût arriver à le connaître[2].

XV. Quant à l’impossible, on voit clairement qu’il se tire des arguments contraires à ceux que l’on vient d’expliquer.

XVI. La question de savoir si un fait a eu, ou n’a pas eu lieu, doit être examinée d’après les données qui vont suivre. D’abord, si ce qui a naturellement moins de chance d’arriver a lieu, ce qui a plus de chance d’arriver a dû avoir lieu.

XVII. Si ce qui d’ordinaire arrive postérieurement a eu lieu, ce qui arrive antérieurement a eu lieu aussi. Par exemple, si l’on a oublié, c’est qu’on a appris à une certaine époque.

XVIII. Si l’on peut et veut faire une chose, on la fait toujours ; car rien n’empêche. Et aussi lorsqu’on a une volonté, et que rien du dehors ne vient l’entraver.

XIX. De même, lorsque l’on a le pouvoir de faim une chose et que l’on se met en colère ; lorsqu’on a

  1. Poète tragique, disciple de Platon.
  2. Cp. Isocrate, collection Didot, p. 281.