Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/102

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entamée hier. Il n’y a donc pas lieu de vous décourager. Nous avons empêché l’ennemi de pénétrer jusqu’à la capitale, et la France entière se lève pour repousser ses envahisseurs.

« Dans ces graves circonstances, l’Impératrice me représentant dignement à Paris, j’ai préféré le rôle de soldat à celui de souverain. Rien ne me coûtera pour sauver notre patrie. Elle renferme encore, Dieu merci, des hommes de cœur, et, s’il y a des lâches, la loi militaire et le mépris public en feront justice.

« Soldats, soyez dignes de votre ancienne réputation ! Dieu n’abandonnera pas notre pays, pourvu que chacun fasse son devoir. »

Il était trop tard pour parler ainsi. Conseiller à l’armée qui entourait Sedan « de ne pas se décourager », c’était crier à un homme qui se noie et qui se sent perdu, de garder tout son sang-froid, qu’on va tâcher de trouver le moyen d’aller à son secours.

Mais allons retrouver les francs-tireurs, sur la route de Douzy à Sedan.

Au milieu de cet épouvantable désordre, notre bataillon, docile à la voix de ses chefs, intact, composé de gens de cœur, avait encore bonne tournure et bon courage ; aussi sommes-nous désignés pour remplir une mission de confiance qui pouvait présenter les plus graves dangers et qui exigeait de la résolution et du sang-froid. C’était d’éclairer l’armée sur sa droite. Il fallait en effet à tout prix surveiller les abords de la route pour empêcher les Prussiens de nous surprendre dans un pareil moment. Nous partons avec un bataillon de chasseurs de Vincennes et deux de zouaves, et, guidés par un capitaine d’étatmajor, nous tournons le petit village de Rubécourt et nous entrons dans un bois connu sous le nom de