Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/113

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et Bazeilles, la garde trouva les chemins du bois en mauvais état, et la première division obliqua de notre côté sur sa gauche pour passer par Villers-Cernay et y établir son artillerie. Ses batteries venaient prendre position les unes le long de la lisière orientale du bois Chevalier, les autres derrière un rideau d’arbres qui fait saillie au nord du bois. C’étaient ces dernières que nous voyions. Les unes et les autres dirigeaient leur feu sur les troupes placées vers le bois de la Garenne, entre le Calvaire d’Illy et Sedan.

Nous savions enfin à quoi nous en tenir, et nous saluons par une décharge générale la réponse des Allemands.

Le gant était jeté. Trois compagnies venaient de défier au combat une division entière, appuyée par une artillerie formidable. Les Prussiens acceptèrent. Les cuirassiers tournent bride, enlèvent leurs chevaux et courent prévenir la batterie ennemie. Celle-ci se détourne, se met en position de manière à pouvoir enfiler la rue du village et commence à l’inonder de boîtes à balles, tandis que les obus pleuvent sur l’église et les maisons.

J’ai là une excellente occasion d’admirer la précision du tir prussien. Le premier obus tombe sur la route, au pied d’un arbre, à vingt mètres environ en avant du village, le deuxième juste dans la première maison. Presque toutes les habitations sont visitées les unes après les autres, et ravagées par ces hôtes incommodes. L’un d’eux vient s’enfoncer à trois pas de moi dans un trou de fumier ; fort heureusement, la résistance qu’il rencontre n’est pas suffisante ; il pénètre. profondément et n’éclate pas. « C’est de la chance, dit un camarade qui se penche pour regarder le trou, deux pouces de plus et nous y étions. » En effet, le