Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/140

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qu’on lui abandonne de gaieté de cœur, il s’y installe promptement, s’y rallie et s’y crée des abris. Les avantages se compensent et l’on perd tout le bénéfice de la situation défensive.

Bazeilles

Ce fut ce qui arriva. Par une offensive hardie, les Bavarois, repoussés au nord et à l’ouest, se logèrent dans les maisons abandonnées du côté sud. Ils trouvèrent là deux fortes constructions en pierre et s’y maintinrent opiniâtrement. Alors commença une lutte effroyable. On se battit d’abord de maison à maison, puis, les renforts arrivant, on se prit corps à corps dans les jardins, dans les rues, dans les granges. Exaspérés d’une résistance qui leur causait des pertes énormes, les Allemands se conduisirent en sauvages. Ils massacrèrent les habitants, tuèrent des vieillards et des femmes, Des enfants euren,t la tête broyée contre les murs. Des soldats, coupables du crime de s’être trop bien défendus, furent passés par les armes, de sang-froid, après l’action. On cite parmi eux MM. Vatrin, lieutenant, et Chevalier, sous-lieutenant d’infanterie de marine. La rage des Allemands était telle que pendant, le combat leur artillerie, au risque de tuer indifféremment amis et ennemis, criblait de projectiles le malheureux village.

Bazeilles

Pour en finir plus vite avec cette résistance désespérée, les Bavarois amenèrent deux pièces de canon jusqu’à 70 pas des maisons qu’elles devaient éventrer. Tous les servants furent tués ; les deux pièces demeurèrent silencieuses ; mais des renforts arrivaient sans cesse aux Allemands. Le parc de Monvillers fut d’abord enlevé par le général de Tann. Les obus finirent par allumer l’incendie dans le malheureux village, où l’infanterie de marine tenait toujours. Elle dut l’évacuer, et bientôt un monceau de débris fumants, encombré