Aller au contenu

Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/164

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

encombrement inouï régnait sur celle où l’on faisait passer toutes les troupes. Un corps mit une journée à faire deux kilomètres.

Le 16, le maréchal Bazaine fit marcher l’armée sur Verdun et rencontra l’ennemi qui l’avait devancé dans cette direction. De sanglants combats eurent lieu autour de Rezonville, Vionville, Doncourt, Saint-Marcel, Mars-la-Tour. Au début de l’action, un corps avancé de cavalerie fut, comme toujours, surpris par l’ennemi et s’enfuit en désordre. Mais l’infanterie soutint bravement le choc et rétablit les affaires. Les Allemands, engagés témérairement, subirent des pertes considérables. Vers la fin de la bataille, une batterie de mitrailleuses, habilement dissimulée, anéantit un régiment, dont on vit les hommes, subitement arrêtés par la mort, rester debout appuyés les uns contre les autres dans l’attitude martiale du combat.

Le soir nous gardions toutes les positions conquises. L’armée était pleine d’entrain et d’espoir, quand tout à coup l’ordre vint de se replier sous Metz. Cette fatale mesure provenait-elle des indécisions du général en chef, qui ne se sentait pas à la hauteur de la situation, ou Bazaine avait-il déjà conçu le dessein de rester sous Metz ? Quoiqu’il en soit, les troupes reçurent avec consternation et colère cet ordre singulier, qui fut exécuté dans la nuit. On abandonna toutes les positions et on brûla un immense convoi de vivres, qui devait, disait-on, retarder la retraite. Le lendemain au matin les Allemands épuisés, qui s’attendaient à être vigoureusement refoulés et appelaient à eux tous les renforts, occupèrent sans coup férir des positions qu’ils n’avaient pu prendre de vive force, tout étonnés de voir qu’on leur cédait un terrain qu’ils n’avaient pas conquis, et qu’au lieu de