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Page:Armagnac - Quinze Jours de campagne, 1889.djvu/166

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Les Allemands avaient atteint leur but. L’armée française était rejetée sous les murs de Metz, où elle allait s’immobiliser.

Dès lors en effet, sauf le combat de Noisseville, conduit par Bazaine, les 31 août et 1er septembre, avec une mollesse incroyable, et un simulacre d’opérations qui eurent lieu les 27 septembre, 2 et 7 octobre, le maréchal se renferma dans une inaction absolue. Dominé par des préoccupations étrangères à son rôle de général en chef de la meilleure, de la seule véritable armée de France, une des plus belles qu’un général en chef ait jamais eue sous la main, il ne fit rien pour sortir de son camp retranché. Il permit aux Prussiens de construire autour de lui les retranchements, les lignes qu’ils jugèrent nécessaires, de fortifier les hauteurs, d’y établir les batteries, de créneler les maisons des villages, les fermes, de se rendre inattaquables. De plus il se laissa jouer par eux. Sur les instances d’un négociateur interlope du nom de Régnier, il autorisa Bourbaki à sortir de Metz, perdit du temps, laissa la famine arriver, et quand il n’eut plus de vivres, il jugea qu’il avait suffisamment résisté et il capitula !

Le 27 octobre, le maréchal livra aux Allemands les 173 000 hommes qui lui restaient et dont 100 000 étaient encore en état de porter les armes, 1341 canons, 300 000 fusils, les drapeaux de l’armée ! « ces lambeaux d’étoffe, comme il les appelait, qui n’ont de valeur morale que quand ils sont pris sur le champ de bataille », et la ville de Metz, Metz l’imprenable, vierge encore de toute souillure de l’étranger !

La France refusa d’abord de croire à la reddition de Metz, à cette capitulation sans combat, à cette honte. Il fallut cependant se rendre à l’évidence. Un